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Livre : La Flûte Enchantée et l’Initiation

Chapitre 7. La tentation est feu

Deuxième Acte : Scène 4

tentation_ la flute enchantee


Les prêtres emmènent les aspirants à l’initiation dans une salle, ils les laissent seuls et les avertissent qu’ils doivent garder le silence en présence des femmes, sans aucun doute, on fait allusion à la tentation sexuelle, qui se présente dans la vie de tous les êtres humains du monde, qu’ils soient candidats à l’initiation ou pas, qu’ils soient des hommes ou des femmes, jeunes ou vieux, lettrés ou analphabètes, la femme ici est un symbole de ce qu’il y a à l’intérieur de nous dans ce cas, la tentation. Garder le silence veut dire qu’il ne faut pas y succomber.

La présence de Papagena

Papageno ne supporte pas l’idée de rester silencieux, après une courte pause, il commence à dire des âneries sans aucun sens, le prince lui demande de garder le silence, mais Papageno n’y voit aucun intérêt. A ce moment là apparaît une femme âgée et laide avec une coupe remplie d’eau et elle l’offre à Papageno ; en réalité, c’est l’épouse que lui a destinée Sarastro (symbole de la loi divine), c’est une jeune fille nommée Papagena, déguisée en vieille femme parce que Papageno ne la mérite pas encore.

papagena comme un femme ancienne

Papagena a 18 ans et deux minutes et Papageno est de 10 ans son aîné. D’un côté, cela nous montre que pour la relation maritale, il faut avoir un corps physique déjà mature car soumettre le corps à la relation sexuelle avant les 18 ans chez la femme est une violence contre nature parce que son corps n’est pas encore mûr dans toutes ses fonctions, il faut savoir attendre le moment propice ; chez le jeune garçon, sa maturité est atteinte à 21 ans.

Les 10 années de différence nous montrent qu’en accord avec la kabbale, avec la roue des naissances et des morts et des vies antérieures, chaque personne a son compagnon, il faut avoir de la patience, en accord avec la loi divine, dans ce cas, représentée par Sarastro, nous avons tous un partenaire désigné qui nous correspond.

Papageno ne s’imagine pas que cette femme laide et vieille est sa partenaire ; à cause de notre conscience endormie, nous ne savons pas combien nous pouvons être près de notre partenaire, nous sommes aveugles devant les réalités que nous vivons qui pourtant se trouvent tout près de nous.

Ainsi, lorsque nous sommes célibataires, et que nous avons l’habitude d’être très impatients, comme Papageno pour ne pas avoir notre Papagena, il est recommandé de passer les épreuves ; c’est tout, changer notre niveau de conscience, avoir une moralité suffisante et voilà ; celle-ci arrivera car elle a toujours été là.

Lorsque Papageno demande à la vieille femme qu’elle est son nom, elle n’arrive pas à le dire car on entend à ce moment là un terrible coup de tonnerre qui oblige Papagena à fuir, ce n’est pas encore le moment ; Papageno n’est pas encore prêt, il est entrain de parler pour dire n’importe quoi, en parlant trop cela montre qu’il s’identifie complètement avec les passions mondaines, qu’il n’est pas devenu sérieux, qu’il aime à aller de ci de là sans aucune retenue.

Le Pain supersubstanciel          

Descendent d’en haut les trois petits génies leur rendant leurs instruments magiques qui leur avaient été enlevés au commencement des épreuves, ainsi qu’une table avec beaucoup de nourriture, offerte comme récompense pour tous leurs efforts.

papageno

« Pour la seconde fois nous vous souhaitons la bienvenue, oh hommes, dans le royaume de Sarastro. Sarastro vous rend ce qui vous fut enlevé, la flûte et les clochettes. Si vous ne dédaignez pas cette nourriture, mangez et buvez joyeux ; Lorsque nous nous verrons pour la troisième fois, l’allégresse sera la récompense de votre courage ! Tamino, courage ! Le but est tout proche. Et toi, Papageno, reste silencieux ! »

L’appel de la conscience est une faculté qui doit être développée en chacun de nous, c’est lui qui peut nous indiquer si ce que nous sommes entrain de faire est une bonne ou une mauvaise chose, c’est la conscience des juges ; le remord est une de ses fonctions, nous n’allons pas bien si nous n’avons pas en nous cette précieuse faculté ; les trois petits génies représentent le fait de faire attention à cet appel.

En même temps, ils apportent le pain venu d’en haut, celui que nous demandons dans la prière du Notre Père lorsque nous disons : « Donne nous notre pain quotidien », cela ne se réfère pas au pain physique, mais plutôt au sacré Shechinah hébreux, ou à la divine providence, la sagesse divine, la connaissance des dimensions supérieures du cosmos.

« Les mots « chaque jour », signifient le « Pain supersubstanciel » en grec ou le « Pain d’en haut ».

La Gnose donne ce Pain de Vie en ce sens qu’elle nous donne les idées et les forces qui nous permettent de désintégrer nos erreurs psychologiques.

A chaque fois que nous réduisons en poussière cosmique tel ou tel « Moi », nous gagnons une expérience psychologique, nous mangeons le « Pain de la Sagesse », nous recevons une nouvelle connaissance.

La Gnose nous offre le « Pain Supersubstanciel », le « Pain de la Sagesse » et nous indique avec précision la nouvelle vie qui commence en nous-mêmes, à l’intérieur de nous-mêmes, ici et maintenant » (Samael Aun Weor. Psychologie Révolutionnaire).

Cette partie de la Flûte Enchantée est très joliment décrite dans la prière connue comme «l’Invocation au Sage Salomon » ; il y a une partie qui dit : « Hasmalim, illumine moi avec les splendeurs d’Elohim et de Shechinah », Hasmalim est le chœur angélique qui dirige le monde de l’esprit ou de l’intime, parce que l’on demande l’illumination au nom du Père qui est en secret, et les anges qui vivent dans la région de Chesed, qui est la même chose que la région dimensionnelle de l’esprit.

Les Elohim sont une façon de se référer aux maîtres auto réalisés, quand nous supplions d’être guidés par les splendeurs de ces guides spirituels ; et Shechinah est la divine providence, ce pain supersubstanciel, cette sagesse divine, représentée par les aliments qui descendent du ciel apportés par les petits génies.

La plainte de Pamina

Pendant que Papageno mange, Tamino joue de la Flûte, elle est entendue par Pamina qui se dirige immédiatement vers le son entendu, mais Tamino, fidèle à son serment ne peut parler avec Pamina et elle interprète se rejet de façon équivoque, elle pense qu’il a cessé de l’aimer, que son amour a disparu. Tamino fait un terrible effort pour pouvoir accomplir sa promesse de ne pas parler, car sa Pamina pleure amèrement à cause de ce rejet et dans un chant émouvant et mélancolique elle dit :

tamino et pamina

« Ah, j’ai le pressentiment que la joie de l’amour a disparu pour toujours ! Jamais vous ne reviendrez  dans mon cœur, heures délicieuses ! Vois….. Tamino, chéri, ces larmes coulent seulement pour toi. Si tu ne ressens pas les aspirations de l’amour, mon repos se trouvera dans la mort ! »

Ce chant si triste de Pamina émeut réellement toutes les fibres de l’âme de celui qui l’écoute, et il est précisément pareil aux chants des sirènes que doit vaincre Ulysse dans l’Oddysee de Homère ; Ils ont chacun le même objectif de rendre fous les marins ou les travailleurs de la Grande Œuvre du Père ; ils sont extrêmement beaux, mais si nous les écoutons, c'est-à-dire, si nous nous identifions à eux, ils nous mènent, comme les marins, inévitablement à la mort qui symbolise l’échec fatal.

La Flûte Enchantée ici, nous parle d’une des tentations des plus sophistiquées dans laquelle sont enveloppés les sentiments et le feu passionnel bestial ; nous voyons la même chose dans l’œuvre de Parsifal de Richard Wagner, dans laquelle le héros de ce drame se voit tenté par les Femmes-Fleurs dans le jardin de la tentation, et ensuite dans sa rencontre avec la belle Kundry (la tentation) qui va le conduire précisément à la tentation sexuelle ; elle essaye de le vaincre à travers un sentimentalisme unit à l’érotisme : lui rappelant son père mort sur le champ de bataille et de son amour qu’il eut pour sa mère, établissant ainsi la connexion sexuelle, le mettant petit à petit dans les sortilèges de l’amour, pour le faire succomber dans ses enchantements.

Ici, dans la Flûte Enchanté, nous retrouvons la même épreuve, mais là elle est représentée par le sentiment de Pamina, la douleur si profonde qu’elle ressent à être rejetée, ce n’est pas qu’il ne l’aime pas, de fait, son amour est gigantesque ; mais cela nous montre qu’il faut savoir unir l’érotisme avec la spiritualité et pour y réussir, on doit ne pas manger du fruit défendu, comme Hercules qui peut voler les pommes du jardin des Hespérides, mais ne doit pas manger du fruit défendu, voilà le symbolisme de ce rejet : ne pas manger le fruit défendu.

Cette partie de l’œuvre est très profonde, elle nous parle de la mort des passions, elle nous dit  que pour qu’il y ait un amour véritable il doit exister un rejet de ce qui est animal ; elle nous dit que la sexualité n’est pas séparée de la spiritualité, elles doivent se réunir en quelque chose d’unique. Cette épreuve a du être passée par tous les héros du passé, Krishna, le grand Maître de l’Inde, aussi a du l’avoir par sa rencontre avec la magicienne Nysumba, la fille du roi des serpents.

« Krishna, le conducteur de char, transperçant de ses yeux de feu Nysumba, la Kundry orientale,  les sept prêtresses de la tentation chez les « Druses Syriens » essayant de séduire les initiés, sont, en elles mêmes, la racine de base des études ésotériques ». (Samael Aun Weor. Le Parsifal Dévoilé).

Nysumba étant magicienne, se transforme par des filtres très puissants, en une très belle jeune fille et se présente de façon très provocatrice devant Krishna, couchée sur un lit pourpre, avec de très beaux bijoux sur les bras et les chevilles et avec un diadème de pierres précieuses, entourée par un nuage de parfums se dégageant d’un brûleur de parfums en cuivre ; tout ceci nous dit comment travaille la tentation avec les plus subtiles enchantements et ravissements.

Nysumba offre à Krishna le pouvoir, affirmant qu’ils sont prédestinés l’un à l’autre, c’est alors que de ses yeux noirs elle lance une flamme sombre qui fait tressaillir Krishna ; lui, de ses yeux de feu tels deux dagues, transperce complètement Nysumba et il voit à l’intérieur de son regard, l’abime, les serpents, le désir et la mort.

Il rejette bien sûr, Nysumba qui perd alors sa beauté et devient vieille et ridée, pleine de colère. Le rejet de Krishna pour Nysumba et celui de Parsifal pour Kundry est c’est la même chose que nous voyons ici représentée dans la Flûte Enchantée, celui du prince Tamino pour Pamina : cela signifie aimer avec toutes les forces de son âme mais rejeter les basses passions animales.

La tentation est feu et la vaincre est lumière. La tentation est une façon d’éprouver l’aspirant, toute tentation est un examen, si nous la passons viennent les pouvoirs, les facultés, les dons et les vertus ; si nous échouons dans l’épreuve nous perdons des valeurs, car il ne nous ait pas donné d’épreuves que nous n’ayons pas la possibilité de passer. Le Maître Jésus nous dit dans la dernière partie de la prière magique du Notre Père : « Ne nous laisse pas tomber dans la tentation, mais libère nous de tout mal », nous ne demandons pas de ne pas en avoir, mais nous demandons d’avoir la force spirituelle de les passer.

« De plus, les tentations sont très utiles à l’homme, même si elles sont importantes et pesantes ; parce qu’avec elles on est humilié, purgé et instruit. Tous les saints sont passés par de nombreuses tribulations et de tentations, et cela leur profitèrent. Et ceux qui ne voulurent pas les supporter et les passer furent traités comme des mauvais et échouèrent. Il n’existe pas d’ordre ni de religion aussi sainte soit elle, ni d’endroit de plus secret où il n’existe pas de tentations ni d’adversités ». (Thomas de Kempis, Imitation du Christ).

Se vaincre soi même, tels ces héros véritables que sont Parsifal ou Krishna, là se trouve le véritable guerrier ; le champ de bataille est notre propre univers intérieur.